Le premier numéro du
Monde paraît le
18 décembre 1944, daté du
19 décembre sur une seule page recto verso. Il succède au journal
Le Temps, dont il reprend le format et la présentation, ainsi que les anciens locaux situés
rue des Italiens, où il restera 44 ans. Le
général de Gaulle, qui souhaitait doter la
France d'un grand journal tourné vers l'étranger, est un élément moteur de sa création. Réalisé par
Hubert Beuve-Méry, qui fonde une
société à responsabilité limitée au capital de 200 000 francs répartis en 200 parts sociales, son premier
comité de rédaction comprenait également
René Courtin, professeur de droit, et
Christian Funck-Brentano, ancien chargé des questions de presse au cabinet du général de Gaulle.
1951 voit la création de la Société des rédacteurs,
1968 celle des deux sociétés des employés et des cadres, et
1985 celle des lecteurs. Les salariés du journal tiennent une place centrale dans la gestion du quotidien. A l'époque, la ligne éditoriale, sans se revendiquer explicitement de gauche, va jusqu'à titrer «
Phnom Penh libéré » lors de la prise de la ville par les
Khmers rouges, en
avril 1975.
De
1980 à
2006,
Le Monde est le partenaire de l'émission
Le Grand Jury. Il est remplacé par
Le Figaro en
septembre 2006[1].
Le Monde s'installe dans les locaux du
Temps au 5 rue des Italiens (dont il devient propriétaire en
1956) et, de ce fait, sera souvent désigné comme « le quotidien de la rue des Italiens ». Après la vente, par
André Fontaine, de son siège, pour raisons financières,
Le Monde s'installe 15
rue Falguière (
15e) en
avril 1989 dans un bâtiment conçu par les architectes
Pierre du Besset et
Dominique Lyon, puis 21 bis
rue Claude-Bernard (
5e) en
1996 et enfin, en
2004,
boulevard Auguste-Blanqui (
13e) dans un bâtiment conçu par l'architecte
Christian de Portzamparc[2].
Flottements et déséquilibres[modifier]Le quotidien connaît des difficultés financières dans les
années 1980 et
1990. En
1994, il troque le statut de
SARL pour celui de
société anonyme à
directoire et
conseil de surveillance[3].
Edwy Plenel, un des principaux responsables de la rédaction, donne sa démission le
29 novembre 2004.
Le Monde est présidé par
Jean-Marie Colombani jusqu'au
22 mai 2007.
La
Société des rédacteurs du Monde (SRM), qui dispose d'un
droit de veto sur la nomination du président du directoire, rejette la candidature de Jean-Marie Colombani, candidat à sa propre succession. Les conseils de surveillance des sociétés Le Monde et Partenaires Associés (LMPA), Le Monde SA et la
Société éditrice du Monde nomment
Pierre Jeantet à la présidence de chacune de ces sociétés le
2 juillet 2007[4].
Crises jusqu'à la perte d'indépendance[modifier]Le
19 décembre 2007, suite à des désaccords en matière financière entre la direction et la Société des rédacteurs du Monde, le président du directoire
Pierre Jeantet, le vice-président
Bruno Patino et le directeur du journal
Éric Fottorino démissionnent en bloc
[5]. Le
4 janvier 2008, alors que Pierre Jeantet et Bruno Patino confirment leur démission, Éric Fottorino décide finalement de ne pas démissionner
[6]. Il devient président du directoire le
25 janvier 2008[7].
En juin 2010, cinq repreneurs sont présentés
[8] :
Le Nouvel Observateur,
le groupe El Pais (Espagne), le
groupe de presse qui édite L'Espresso (
Italie), le groupe de presse
Ringier (
Suisse) ainsi qu'un trio formé par
Pierre Bergé (entrepreneur, propriétaire du magazine
Têtu),
Matthieu Pigasse (homme d'affaires, propriétaire et président du magazine
Les Inrockuptibles) et
Xavier Niel (fondateur de
Free). Par ailleurs, le président de la République
Nicolas Sarkozy rencontre Éric Fottorino le 9 juin
2010, alors que le journal cherche d'urgence un repreneur, pour interdire la reprise du journal par le trio
Bergé-Pigasse-Niel et le met en garde en déclarant que si cette option était choisie, l'État renoncerait à verser 20 millions d'euros pour participer au sauvetage de l'imprimerie du journal
[9],[10]. L'autre repreneur potentiel est formé du
groupe Nouvel Observateur et
Orange[11]. Fin juin, l'offre du trio
Bergé-Pigasse-Niel est plébiscitée par les salariés actionnaires
[12]. Orange et le Nouvel Observateur décident de retirer leur offre
[13]. Ce choix est validé par le vote du
conseil de surveillance (11 voix pour et 9 abstentions)
[14].
Le 14 septembre 2010,
Le Monde annonce qu'il porte plainte contre X pour « violation du secret des sources » après que les services secrets français (
DCRI) ont été mis à contribution par l'exécutif pour identifier la source d'un journaliste de la rédaction.
Bernard Squarcini, directeur de la direction centrale du renseignement intérieur, le reconnaît dans un entretien au Nouvel Observateur : il a ordonné un « éclairage DCRI » sur des fuites provenant du ministère de la justice au sujet de l'
affaire Woerth-Bettencourt, une enquête qui peut être considérée comme une atteinte au secret des sources, protégées par la loi, et donc à la
liberté de la presse.
Le 15 décembre 2010, Éric Fottorino est révoqué de la présidence du directoire du groupe
Le Monde, pour divergences de point de vue avec les actionnaires, tout en restant provisoirement le directeur du journal.
Louis Dreyfus est nommé à sa place directeur de la publication
[15] puis
Erik Izraelewicz est choisi comme directeur du journal en février 2011.
Position du Monde dans l'espace politique français[modifier]Le journal est le point de jonction de plusieurs grands courants d'idées principalement liés au courant de la
sociale démocratie chrétienne sur le plan intérieur.
Jean-Jacques Servan-Schreiber, responsable de la page de politique extérieure, quitte le journal au début des
années 1950 en lui reprochant son neutralisme dans les relations Est-Ouest
[16]. En 1955, les milieux d'affaires reprochent au
Monde une position trop à gauche et lancent un concurrent,
Le Temps de Paris, opération qui échouera
[17].
Sous la V
e République, le journal soutient la politique étrangère du général de Gaulle
[18], tout en critiquant sa politique intérieure.
Dans les
années 1970, il s'oriente clairement vers un soutien à l'
Union de la gauche[réf. nécessaire], ce qui l'amène à dénoncer des scandales financiers qui éclatent sous la présidence de Giscard d'Estaing (
affaire des diamants, etc). Il soutient alors la candidature de François Mitterrand à l'élection présidentielle de 1981, tout en montrant son scepticisme sur la politique économique de
Pierre Mauroy. Quand les scandales de l'ère Mitterrand éclatent à leur tour (
Carrefour du développement,
écoutes téléphoniques de l'Élysée contre des journalistes du
Monde, etc.), une véritable animosité oppose le journal et Mitterrand
[réf. nécessaire], particulièrement avec le journaliste
Edwy Plenel[19].
En 2007, à l'approche des élections présidentielles, dans un éditorial daté du 3 mai, le directeur de la publication
Jean-Marie Colombani lance un appel à voter pour la candidate socialiste
Ségolène Royal. La principale raison invoquée est la situation désastreuse dans laquelle le
Parti socialiste se trouverait en cas d'échec
[réf. nécessaire]. La « conception revancharde de l'histoire » du candidat UMP,
Nicolas Sarkozy, vainqueur de l'élection, est également dénoncée. Depuis, le journal adopte fréquemment des positions hostiles à la politique du président Sarkozy et de son gouvernement